Puits (le) et le pendule. Transports et système de l'emploi : analyse des migrations alternantes bassin minier - métropole Nord.
Résumé- Les migrations alternantes entre zones urbaines de la région Nord ont longtemps été un élément central du discours planificateur sur la conversion régionale. Leur échelle a servi à définir l'Aire Urbaine Centrale, vaste zone incluant la métropole lilloise et le Bassin Minier que l'on supposait devoir fonctionner de plus en plus comme une unité métropolitaine, vécue comme telle par ses habitants, à l'échelle même du quotidien. La réalité qu'il est loisible d'observer aujourd'hui, est (encore ?) sensiblement éloignée de ce schéma théorique, et la référence spontanée (quand elle existe) à cette zone " de solidarité " emprunte plus volontiers ses termes au discours sur la contrainte qu'au constat de la convergence d'intérêts. Du point de vue des habitants du Bassin Minier la Métropole lilloise semble bien loin de s'intégrer au paysage urbain du quotidien, comme élément interne tout du moins.
Comme élément interne, car, à considérer les mouvements quotidiens de population entre ces zones la réalité semble tout autre : en fait, s'il paraît effectivement pertinent de nier l'existence d'une "Aire Urbaine Centrale" fonctionnant comme vaste zone métropolitaine, il est en revanche fondamental de voir le rôle sans cesse croissant que jouent les migrations alternantes domicile-travail entre ces deux pôles, pris comme éléments nettement séparés cette fois, que sont le Bassin Minier du Nord-Pas-de-Calais et la Métropole Lille-Roubaix-Tourcoing.
Partant du constat de la précarité généralisée des emplois offerts dans le Bassin minier par les entreprises de la reconversion (à l'exception du secteur automobile), les auteurs ont cherché à tester l'hypothèse selon laquelle le développement de la migration quotidienne vers le marché du travail métropolitain manifesterait un mécanisme d'adaptation primaire (adaptation reprenant les termes mêmes du problème) à la précarisation : adaptation par la recherche d'emplois protégés à l'extérieur (mais à portée de déplacement quotidien) de la zone minière.
C'est une analyse centrée sur les entreprises métropolitaines, leurs "impératifs" économiques, leurs positions etc... sur la marché de l'emploi, leur politique de mobilisation, que relève l'essentiel de l'explication du flux de migrations alternantes domicile-travail. Est présentée une approche du problème essentiellement quantitative, tant s'agissant du recueil de données que la présentation des résultats. Les deux premières parties du rapport donnent le détail de ces migrations alternantes, de leur évolution, de leur rapport au marché du travail. La troisième partie où les auteurs tentent de dégager une première typologie des migrants et des migrations, montre la diversité de ce flux et renvoie, à plusieurs reprises, à cette problématique de la dimension sociale du placement et de l'accès à l'emploi. On y entreverra que le problème de l'accessibilité constitue certes une question de possibilités matérielles de déplacement, mais aussi, et surtout peut-être, une question essentiellement sociologique : celle de l'horizon professionnelle subjectif, comme intériorisation durable des probabilités d'accès à tel ou tel emploi, à un stade donné du marché du travail (premières expériences individuelles ou sources de la mémoire de classe...). Cette intériorisation, parce qu'elle perdure au delà de ce stade archaïque, fixe avec plus d'efficacité peut-être que le système de transport, les limites de la mobilité sociale, professionnelle et géographique.
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