Le transport routier de marchandises en Europe.
Source- Paris : DRAST, 1995 - 199p., tabl.,graph.
Résumé- Le club Eurotrans s'est engagé depuis plusieurs années dans la recherche d'une meilleure connaissance du système européen de transport de marchandises en étudiant, en particulier, la messagerie express, les effets de polarisation géographique liés aux évolutions logistiques et le transport combiné.
C'est le besoin d'avoir une vision structurelle du transport routier de marchandises en comparant les principaux pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas), qui est à l'origine de ce rapport.
L'étude aborde le transport routier de marchandises comme un système à couches multiples où l'interaction entre l'offre et la demande s'opère à travers un nombre variable d'intermédiaires.
Ce mode de fonctionnement permanent et structurel a principalement pour conséquence une tendance chronique à la sous tarification, un non respect de la réglementation et de mauvaises conditions de travail, en particulier pour les chauffeurs.
En dépit des spécificités liées aux contextes nationaux, on constate que les mêmes problèmes se posent dans les différents pays européens. L'espace européen du transport routier de marchandises, de plus en plus intégré du fait de l'intensification des échanges, de l'internationalisation des firmes et des réseaux et de la montée en puissance des instances supranationales, reste en effet durablement hétérogène.
En Grande-Bretagne, de très grandes entreprises fortement intégrées appartiennent à de puissants groupes internationaux et disposent de flottes de véhicules et d'effectifs importants. La sous-traitance est moins fréquente au Royaume-Uni qu'en Europe continentale, chargeurs et transporteurs étant souvent liés par des contrats pluriannuels ; les prix, suffisamment rémunérateurs, permettent aux entreprises d'investir dans leurs équipements et de former leur main d'oeuvre.
En Italie où la fragmentation des entreprises de transport routier est particulièrement forte, la sous-traitance est très fréquente et on voit se créer des coopératives de transport.
En Allemagne, de grands groupes de transitaires de taille internationale s'efforcent d'être présents sur l'ensemble de l'Europe et de fortes PME mettent en place des réseaux fédératifs efficaces. La tarification obligatoire, encore en vigueur récemment (1994), a sans doute expliqué le recours intense au transport pour compte propre et l'existence d'entreprises de transport très liées aux chargeurs industriels, avec un mode de fonctionnement intermédiaire entre compte propre et compte d'autrui. Cette situation pourrait être compromise par la déréglementation récente et par l'arrivée des transporteurs d'Europe centrale.
En France, on trouve une bipolarisation qui articule grands groupes et petites entreprises dans une organisation hiérarchique et une division des taches qui rapproche les grands transporteurs des auxiliaires et confine les petits transporteurs dans l'exécution des taches de traction.
Les Pays-Bas sont le seul pays où les flux internationaux occupent une place primordiale dans l'activité de transport et dans les stratégies des entreprises et des pouvoirs publics. De grands groupes, gérés comme des groupes industriels, ont développé une compétitivité fondée sur la qualification de la main d'oeuvre et sur l'équipement et ont acquis une taille internationale, en particulier sur le marché allemand.
Les pouvoirs publics européens n'échapperont pas à la nécessité de mettre en place une nouvelle régulation de l'ensemble du système fret, dépassant le cadre du transport routier, victime de son succès, pour mieux satisfaire sur le long terme les exigences de la société, en particulier en matière de sécurité et d'environnement.
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