Fehmarn belt : issues of accountability. Lessons and recommandations regarding appraisal of a fixed link across Fehmarn belt (résumé de l'étude).
Source- Copenhague : Danish transport council, 1995 - 52 p.
Résumé- L'étude vise à répondre à une question "simple" : le processus d'évaluation, en cours, d'un lien fixe Danemark-Allemagne permet-il de fonder solidement la décision du gouvernement ?
La réponse apportée est clairement non.
Elle est complétée par 2 considérations alarmantes :
a) on a dans le passé pris des décisions sur des bases érronées et surtout
b) tous les projets qui ont pu être examinés à l'étranger souffrent des mêmes lacunes.
Parmi celles-ci, les auteurs notent en particulier une sous-estimation quasi-systématique des coûts (50 à 100 % fréquemment, voire plus) et une surestimation quasi-systématique des trafics de 20 à 70 %. Les erreurs commises sont plus importantes dans les transports ferrés que pour les transports routiers. A titre d'illustration, les auteurs indiquent par exemple que l'écart moyen sur 10 projets récents de transports guidés aux Etats-Unis est de 1 à 5 entre les coûts d'investissements par voyageur prévus au moment des prises de décision et ceux constatés après réalisation !
Les auteurs estiment que ces erreurs sont trop systématiquement "orientées" pour être simplement dues aux difficultés inhérentes aux exercices de prévisions. Ils font l'hypothèse d'une "collusion d'intérêts" entre les divers promoteurs des projets (privés, publics, politiques) ne laissant pas de place à un quelconque contre pouvoir.
Pour rompre avec ces pratiques, les propositions de ces experts pour améliorer le processus de décision vont essentiellement dans quatre directions :
- augmenter la transparence en associant les différents groupes de pression et en diffusant de l'information objective dès les réflexions préliminaires,
- instruire les projets d'abord en terme de spécifications fonctionnelles et non par référence à des options techniques,
- expliciter au maximum le futur régime d'exploitation et l"'environnement" physique et institutionnel futur du projet,
- associer des capitaux privés sans garantie du gouvernement et clarifier les rôles public/privé en séparant nettement les fonctions opérateur/régulateur.
La philosophie générale qui me paraît se dégager est qu'il convient de passer pour la gestion de ces grands projets d'une approche mécanique optimiste à une démarche probaliste pessimiste, intégrant la prise en compte des risques en les identifiant et en attribuant leur gestion à des responsables clairement identifiés.
© Ministère de la Transition écologique et solidaire