Modèles (les), obstacles et enjeux de la critique.
Résumé- A quelles conditions et selon quelles modalités peut-on réconcilier le caractère plus ou moins " ésotérique " du contenu des modèles utilisés par les décideurs et les exigences d'une décision publique placées sous les signes de l'intérêt général et de participation démocratique ? C'est cette question (politique) qui se trouvait à l'origine de la présente recherche. Ses résultats se présentent sous la forme d'un essai sur la nature de la modélisation (celle pratiquée par les ingénieurs) et sur les conditions permettant à cette dernière de se transformer en instrument au service d'une réflexion critique sur les techno-sciences contemporaines et leur impact sur la société. A l'aide d'une série d'exemples de modélisation (trafic automobile, génie des matériaux, environnement), les auteurs essaient, dans un premier temps, d'identifier les traits principaux qui différencient le travail de modélisation de l'activité scientifique au sens classique du terme : ainsi, le modèle est plus un langage de communication entre acteurs qu'une tentative de représenter fidèlement le monde ; objet hydride, il incorpore une grande quantité de connaissances locales et de nature hétérogène ; il constitue un parti pris qui reflète, entre autres, les objectifs que l'on se fixe, les moyens dont on dispose. Une fois ce travail d'une première décantation terminé, et à l'aune des résultas obtenus pendant cette phase d'exploration, les auteurs s'emploient à cerner davantage l'objet "modèle" et les pratiques de modélisation en mobilisant des ressources provenant de plusieurs horizons intellectuels (ainsi la notion de modèle est interrogée à l'aide de concepts et d'outils forgés par la linguistique, alors que l'activité de la modélisation est éclairée par une série de parallèles et d'analogies avec la démarche projet architectural ) Les auteurs tentent enfin de mettre les résultats obtenus relatifs à la notion du modèle et à l'activité de la modélisation au service d'une pensée critique, capable de peser sur la décision publique. Ils plaident en faveur du développement, autour d'un problème pratique, d'une pluralité de modèles, dont le choc peut relativiser et mettre en évidence le parti pris constitutifs à chaque modèle Ils considèrent que seule une université reformée peut devenir le lieu capable d'accueillir et de cultiver de façon pérenne ce jeu de la modélisation et de la contre-modélisation qu'ils appellent de leurs voeux.
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