Représentation et observation de l'environnement sonore urbain. SIGAUR 2.
Résumé- La présente étude s'inscrit dans un cadre plus général de recherche visant à créer des échanges entre d'une part des logiciels de prévision de l'exposition acoustique de l'environnement et de création de cartes de bruit, et d'autre part les bases de données des Systèmes d'Information Géographiques (SIG), en vue d'utiliser ces derniers comme outils de gestion globale de l'environnement. L'objectif particulier était le développement de méthodes en vue du recensement des points noirs et l'évaluation des populations exposées au bruit.
Ce travail a été appliqué au cas de la ville d'Ecully, ville de 18 500 habitants et de 8.5 km2, intégrée dans la Communauté urbaine du Grand Lyon, et riveraine de l'autoroute Paris-Lyon. Le SIG du Grand Lyon comportant à l'origine une couche topographique à deux dimensions et les données altimétriques étant non liées à cette couche, ces différentes données ont fait l'objet d'un traitement spécifique en vue d'obtenir les données tridimensionnelles nécessaires à la prévision acoustique. Une carte de bruit a été réalisée à partir de 50 000 points de calcul et complétée par des calculs à différentes altitudes sur les bâtiments hauts. Ces cartes de bruit 'horizontales' mettent encore davantage en évidence l'intérêt de pouvoir différencier l'exposition des bâtiments au bruit. Un traitement approprié des données à l'intérieur du SIG a permis de réaliser des cartes d'exposition des bâtiments, répertoriés soit à partir de leur niveau d'exposition maximum, soir à partir de leur niveau d'exposition moyen. La méthode pour extraire des expositions uniques par bâtiment est explicitée.
Ce type de représentation pousse à désagréger encore l'information, jusqu'à pouvoir différencier les niveaux de bruits en façade, et ce notamment pour les bâtiments posant problème. Différentes façades ont ainsi été analysées, et mises en valeur par un mode de représentation adéquat.
Quelles que soient les différentes échelles de modélisation acoustique, il est très utile d'évaluer les populations exposées au bruit. S'il est simple de pouvoir quantifier les populations par rapport à des seuils sonores, il est beaucoup plus complexe d'estimer les populations réellement gênées ou non par le bruit. Nous montrons cependant que des 'lois' générales existent, et qu'au moins théoriquement nous avons pu fournir des estimations de populations gênées.
Ce type de croisement entre exposition sonore et population résidente est typique des traitements réalisables au sein de Systèmes d'Information Géographiques (SIG). Afin que ces croisements soient cohérents, il a fallu au préalable localiser la population d'Ecully de manière plus précise dans les bâtiments. Par ailleurs, les estimations peuvent être menées à nos différentes échelles d'analyse, à partir de cartes de bruit de l'ensemble de la commune, à partir de cartes d'exposition des bâtiments, à partir de cartes de façades. Pour ces trois échelles, nous expliquons comment des bilans de populations gênées peuvent être obtenus.
A l'issue de ces calculs, nous avons pu comparer les différentes évaluations menées, ce qui donne des résultats très enrichissants.
En effet, pour les deux premières estimations, en considérant simplement des moyennes de bruit à l'îlot (Ecully a pu être divisé en 78 îlots INSEE) ou alors en partant des moyennes d'exposition par bâtiment, nous obtenons des bilans tout à fait comparables. Pour information, la population susceptible d'être gênée par les bruits routiers à Ecully s'élève dans les deux cas à 2000 personnes environ. De plus, même pour des bâtiments présentant des expositions très variables en façade, il a pu être montré qu'une estimation de population gênée en considérant une valeur d'exposition moyenne sur ce bâtiment donnait des résultats assez similaires à ceux obtenus en désagrégeant la population en façade et en appliquant à chaque 'fenêtre' les expositions réelles. Selon les bâtiments ces deux types d'estimation diffèrent de 10-20 % environ dans un sens ou dans l'autre. En bref, il s'avère que les bilans de populations gênées sont comparables aux trois échelles. Ceci dit, il reste primordial de poursuivre et d'approfondir les études à niveau fin (à l'échelle du bâtiment, de la façade) dans le but de mieux pouvoir localiser la gêne, et de mieux la combattre.
Ce travail a soulevé l'intérêt des élus et des urbanistes de la communauté urbaine.
© Ministère de la Transition écologique et solidaire