Mise au point de contre-mesures à la fatigue et à la somnolence au volant. Rapport final du programme Psycho2, lot 5a.
Résumé- Problématique
La somnolence au volant est responsable de 20% à 30% des accidents impliquant des véhicules seuls. Il paraît déterminant d'identifier des contre-mesures simples et accessibles au plus grand nombre pour prévenir la survenue de ces accidents. L'objectif principal de la recherche était de mesurer l'effet de la prise de caféine ou d'une sieste sur l'aptitude à la conduite réelle de sujets sains en conduite nocturne ; l'objectif secondaire étant de comparer la sensibilité des sujets jeunes (20-25 ans) et des sujets adultes (40-50 ans) à la prise de caféine ou de sommeil pour lutter contre la somnolence au volant.
Méthode
Étude comparant l'aptitude à la conduite de nuit et sur autoroute en condition réelle de trafic chez des sujets sains dans 4 conditions différentes distribuées de façon randomisée en carré latin :
. 1 épisode de conduite de jour de 18H à 19H30 en condition reposée,
. 1 épisode de conduite de nuit de 2H à 3H30 en ayant pris 200mg de caféine dans un café 30 min avant l'épisode de conduite,
. 1 épisode de conduite de nuit de 2H à 3H30 en ayant pris un placebo (café décaféiné) 30 min avant l'épisode de conduite,
. 1 épisode de conduite de nuit de 2H à 3H30 en ayant effectué 30 min de sieste 30 min avant l'épisode de conduite.
Durant chaque condition, l'activité électroencéphalographique était mesurée, ainsi que les mouvements oculaires et le tonus musculaire. Ces mesures permettent de connaître la durée de sommeil durant les siestes, ainsi que les latences d'endormissement des sujets lors de la nuit
effectuée à la clinique du sommeil après chaque épisode de conduite.
Résultats
. Dans cette première partie de l'étude, ont été inclus que des sujets jeunes (20 - 25 ans).
. Un maintien des performances est observé avec la caféine et la sieste (rANOVA ; F = 0.508, p = 0.491 ; F = 1.865, p = 0.199), mais pas avec le placebo (rANOVA ; F = 10.276, p = 0.009).
. Une différence de performances entre le trajet aller et le trajet retour est observée (rANOVA ; F = 12.936, p = 0.005), avec de meilleures performances lors du trajet aller.
Conclusion
. Le café permet de réduire significativement les altérations de la conduite nocturne. Si des contre-indications médicales interdisent la prise de caféine, une sieste de 30 minutes peut permettre de restaurer les performances en conduite nocturne, bien que son effet soit inférieur à celui de
la caféine. L'effet moindre de la sieste peut s'expliquer par une action purement homéostasique (durée de veille). La somnolence résiduelle s'explique par la composante chronobiologique de la somnolence qui ne peut être corrigée par une prise de sommeil.
. Le café et/ou une sieste sont recommandés pour limiter la baisse des performances lors d'épisodes de conduite nocturne.
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