La Poste : le temps de la dernière chance.
Source- Paris : Sénat, 2003 - 232 p., tabl.,graph.,cartes
Résumé- Après deux rapports d'information en 1997 et 1999, la commission des affaires économiques et son groupe d'études "Poste et télécommunications" ont décidé de contribuer à nouveau, par leurs réflexions et propositions, à éclairer l'avenir de la poste, car la question postale se pose aujourd'hui avec une acuité renouvelée.
En 5 ans bien peu a été fait. L'avenir de la plus grande entreprise de France, d'un service public aimé des français, confronté à un ébranlement sans précédent, n'a pas été l'objet d'un débat parlementaire ! La transposition des directives postales européennes - le minimum obligatoire, en quelque sorte - a eu lieu en catimini par voie d'amendement à un texte traitant.... d'aménagement du territoire (la loi du 29 juin 1999) !
Alors que les bouleversements qu'entrevoyaient déjà les précédents rapports se sont concrétisés - choc concurrentiel sur le courrier, accélération de la substitution du courrier électronique, attrition des services financiers fiscaux - et que les autres postes européennes se sont métamorphosées, la Poste a peu bougé, comme si le temps du monopole devait être éternel.
La Poste n'est pas une entreprise comme les autres : elle a un rôle territorial, un rôle de lien social, mais cette spécificité, qui devrait être la première motivation pour le changement, a servi d'alibi à l'immobilité. Or, l'immobilisme condamne la Poste au scénario catastrophe : celui d'un déclin inéluctable. Avec des moteurs d'activité qui faiblissent, voire s'éteignent - un courrier en perte de vitesse, des services financiers en voies d'attrition - de lourdes charges qui "plombent" sa rentabilité, la Poste ne pourra assurer la qualité du service public, ni dégager les moyens de son développement à armes égales avec ces concurents.
Elles ne serait alors plus en mesure d'offrir un avenir aux postiers - plus de 300 000 ! - d'assurer ses missions de service public, d'offrir à ses clients les services qu'ils attendent ni de jouer son rôle central dans l'économie nationale. La Poste est, plus que jamais mortelle. Elle se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. A l'heure de la négociation de ce qui pourrait être son dernier contrat de plan avec l'Etat, elle doit parcourir en cinq ans le chemin que d'autres postes européennes ont engagés depuis 10 ou 20 ans. Le défi est considérable mais si l'élan de l'indispensable réforme entraîne, dans un même mouvement, pouvoirs publics, postiers et élus locaux, tout demeure encore possible.
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